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8 - RETAIL

THERAPY

COMMENT EST APPARU LE

CONCEPT ?

La préhistoire du pop-up store, c’est

le bail précaire, dont le mot nous

renvoie à quelque chose de fragile,

qui n’est pas fait pour durer, avec une

connotation légèrement négative liée à

la consonance du mot précarité.

Le bail précaire était un bail de 23 mois

à l’époque ; il est légalement passé à

3 ans depuis la loi Pinel. Les bailleurs

l’utilisaient pour remplir des locaux

vacants en vue d’une restructuration

prochaine et d’obtention

d’autorisations administratives. Il

pouvait également être mis en place

là où la commercialité est faible et

où il convient d’occuper l’espace en

attendant mieux.

Le bail précaire n’était pas une

demande de l’enseigne mais plutôt du

bailleur. Il s’agit en quelque sorte d’un

« sparadrap » sur une problématique :

• soit une attente, ne pas laisser vacant

un local en attente de restructuration

ce qui créerait une mauvaise image,

• soit la volonté d’implanter un

CHRISTIAN DUBOIS

DUBAIL PRÉCAIREAUMAGASIN

ÉPHÉMÈRE, UNHISTORIQUE

QUI ENDIT LONG SUR LA

PROFESSIONNALISATIONDE

L’IMMOBILIERDE COMMERCE

ENTRETIEN AVEC

CHRISTIAN DUBOIS

,

HEAD OF RETAIL SERVICES

concept ou une marque en évitant le

long terme.

Le concept est passé de précaire dans

les années 80 à un phénomène plus

récent qui a commencé en 2010 : le

pop-up. C’est quelque chose qui ne va

pas durer, tout aussi contenu dans la

durée, mais largement plus festif.

Contrairement au précaire, le

phénomène pop-up n’est pas apparu

à la demande des bailleurs, mais

plutôt à l’initiative des marques qui

ont décidé que le commerce physique

était un vecteur comme un autre

de communication promotionnelle.

C’est aussi le temps des collections

« capsules », des collections où des

enseignes offraient à des créateurs

l’opportunité de raconter une histoire

extraordinaire pendant une période

limitée, le happening. Dans ce cas, la

décision du pop-up s’effectuait non

pas par les services immobiliers mais à

l’initiative des services communication

des enseignes.

Le pop-up est donc synonyme de fête,

dans un contexte où l’économie et

la consommation se portent bien, et

dans lequel les marques décident, dans

une communication qui commence

à être omnicanale, d’investir un lieu

à un moment donné et y faire des

happenings.

Le succès des pop-up s’est confirmé

avec le temps, contrant la lassitude

du consommateur grâce à leur côté

ludique. C’est ainsi que l’on passe du

centre-ville au centre commercial

qui souffrait d’une offre globalement

statique en termes d’enseignes. Les

bailleurs ont pris conscience que pour

maintenir un niveau d’attractivité et

une fréquentation suffisante dans

leurs centres commerciaux, il fallait

offrir de façon plus régulière des

nouveaux concepts à leur clientèle.

Or la législation française assure

naturellement une forme de stabilité du

marché par le principe de la propriété

commerciale donnée aux locataires,

qui induit un droit au renouvellement

automatique des baux, que ce soit en

centre-ville ou en centre commercial.

Ainsi s’est posée la question de

comment conjuguer l’idée d’un